Parmi les premiers points à définir lors de la construction d’un orgue, certains aspects sont déterminants : l’emplacement, l’esthétique sonore de l’instrument et la recherche de la juste proportion. L’emplacement proposé et accepté par le clergé et les Monuments Historiques est l’idéal dans cette église : un instrument intégré à la communauté paroissiale et permettant aussi une véritable relation avec le public dans le cadre des concerts. Le choix de l’esthétique sonore, résolument tournée vers un orgue d’esthétique romantique et symphonique, était non seulement une préférence du commanditaire mais aussi une mise en adéquation avec la partie de l’édifice où il se trouve, partie reconstruite entre 1872 et 1885.
Un projet inspiré
Louis Debierre, facteur d’orgues Nantais, livre en 1882 l’orgue de chœur de la cathédrale de Luçon et en 1893 dote la cathédrale de Nantes du plus grand « orgue de chœur » de France. Cet instrument qui a quelque peu inspiré le projet Vouvantais a malheureusement perdu la console de ses claviers lors de l’incendie de juillet 2020. Louis Debierre est un des premiers organiers à introduire l’électricité dans la conception de ses instruments. Cela lui permettra, notamment pour des questions de place et de coût, de proposer aux paroisses des instruments de taille modeste, certains jeux pouvant être utilisés sur deux plans sonores distincts, réduisant ainsi le nombre des tuyaux. Autre originalité pour certains de ses instruments, un des deux plans sonores est réparti sur 2 claviers offrant à l’organiste une console de trois claviers, confortable, permettant de jouer plus aisément le grand répertoire. Tel était conçu l’orgue de Saint-Clément à Nantes ou encore l’ancien orgue de Notre-Dame de Fontenay-le-Comte.
L’espace imparti dans l’église de Vouvant étant relativement restreint entre deux piliers, nous avons adopté certains principes de Louis Debierre pour élaborer ce nouvel instrument.
Les « jeux de fond » de la pédale sont empruntés au premier clavier dit de grand orgue à l’exception de la Flûte 16’ dont la première octave est réelle. Le deuxième plan sonore dit de récit, est réparti entre le deuxième clavier avec principalement les « jeux de fond » et le troisième clavier qui comporte les « jeux d’anches ». Ces deux claviers « expressifs » accouplés forment un clavier de « Récit symphonique ». Les tuyaux de ces deux claviers sont enfermés dans deux grandes boites munies de jalousies, appelées « boites expressives » que l’organiste actionne à l’aide de pédales basculantes placées au-dessus du pédalier. Cette fonction lui permet d’introduire des nuances sonores très souvent demandées par les compositeurs. Les « jeux d’anches » sont placés au troisième clavier avec les jeux de hautbois, basson, trompette et clairon. Grâce au système de liaison électrique, l’organiste peut appeler ces jeux au premier clavier et à la pédale. Le troisième clavier possède une double expression avec des volets ouvrant dans le bas-côté qui permet d’autres effets, notamment d’éloignement du son. La console « en fenêtre » des claviers est réalisée sur le modèle de celles d’Aristide Cavaillé-Coll avec les « registres » disposés en gradins et les noms des « jeux » inscrits sur des porcelaines.
En raison de sa proximité avec le public, l’harmonie de l’instrument est volontairement douce et se rapproche de la puissance des orgues de salon que construisait Cavaillé-Coll puis son successeur Charles Mutin.
Quelques 1100 tuyaux
De facture totalement traditionnelle, construit « sur mesure » pour l’église de Vouvant, doté de plus de 1100 tuyaux contenus à l’intérieur du « buffet » en chêne dont le bois provient de la forêt de Chambord, l’instrument a nécessité deux années de travail dans les ateliers de la manufacture où il a tout d’abord été monté puis démonté pour être placé à Vouvant. Au cours de l’été 2020, son installation dans l’église a exigé quinze jours de montage et deux mois pour l’harmonisation des tuyaux et son accord général.